Jour 11/14 : Lever à 3h30 et départ à 4h30 pour ne pas avoir à affronter le redoutable vent de face qui risque de se lever avec le jour. Il fait froid et par manque d'oxygène, nous marquons souvent une petite pause pour récupérer notre souffle. J'ai eu le mal des montagnes la veille au soir, je n'ai pris aucun repas et j'en ressens les effets au cours de cette montée. Nos gants, pourtant épais, suffisent à peine à protéger nos mains du froid mordant ; notre guide nous avait bien dit de nous équiper aussi de moufles et j'en comprends maintenant la raison. Les lampes frontales des trekkeurs dessinent le long du chemin une ligne lumineuse qui oscille au gré de leur progression, comme une procession un soir de Noël. Nous avançons vers le col à flanc de montagne puis arrivent les premières lueurs du soleil ; nous passons au-dessus d'un lac au bord d'une moraine.
La montée semble interminable, avec des faux plats et le souffle toujours court dans un paysage grandiose. Par bonheur, il n'y a pas de neige. Nous sommes nombreux à marcher sur ce chemin ; nous faisons une pause au soleil auprès d'une baraque à thé – un chaï wala – qui nous propose des boissons chaudes. Le temps est au beau fixe, sans aucun nuage et sans vent.
Nous reprenons le chemin du col, une trekkeuse d'un certain âge épuisée par l'effort continue la randonnée à dos de mulet et nous dépasse ; à cette altitude, le dénivelé cumulé positif de 1000m demande un réel effort et le col n'en finit pas d'apparaître quand enfin nous apercevons des drapeaux de prière multicolores et un attroupement. Le véritable col se trouve en fait quelques dizaines de mètres en contrebas, sur un glacier.
Comme nous l'avons fait au col de Dolma la, au Mont Kailash, nous accrochons nos drapeaux de prière. Par chance il n'y a pas de vent et peu de neige, nous apprécions cet l'instant en prenant des photos.
Puis nous amorçons la descente, le chemin est beaucoup plus abrupt qu'à la montée, nous devons redoubler de vigilance lorsqu’une plaque de glace se présente : on n'ose imaginer ce qu'il en est lorsque la neige est fraichement tombée ! Nous laissons le passage à un convoi de mules montant vers le col.
Je retrouve ma vigueur bien que mon dernier repas date de 24h et je devance mon groupe, ce qui me laisse le temps de marquer des pauses pour profiter du paysage.
Devant nous s'étale l'immense moraine du glacier Ponkar avec son lac et au loin une multitude de sommets enneigés ; ce paysage de nature désertique est féérique, le silence qui l'accompagne nous envahit ; nous avons beaucoup de chance que le soleil soit au rendez-vous pour l'admirer.
Nous faisons une halte pour déjeuner dans une taverne en bordure de la moraine. Dans un vrombissement, un bloc de neige s'échappe en avalanche sur le glacier. Les hommes du village s'affairent à dégager une mule, une patte coincée dans un trou ; notre guide vient à la rescousse ; au bout d'une demi-heure d'efforts la pauvre bête est libérée et nous pouvons reprendre notre descente sur Bimthang en longeant le côté gauche de la moraine.
A Bimthang, nous passerons la nuit dans un petit chalet bien confortable et déjeunerons dans la salle commune bien chauffée avec les autres trekkeurs qui ont partagé avec nous cette belle journée par un temps splendide.
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